Il ne faut jamais arrêter de rêver. 

On nous avait dit de ne pas partir.
Il ne faut jamais arrêter de construire son monde, celui qui vous permette de vous sentir vivant. Sans trop écouter les autres. Peut être encore plus en ce moment...
Lundi, on a reçu un message nous disant que le Maroc fermait ses frontières à minuit. Certains nous ont écrit "voilà, on vous l'avait bien dit."
Ils n'ont pas ajouté "Bien fait!" Mais on les entendait.
On a passé 6 jours à Marrakech. On a beaucoup travaillé, beaucoup ri, pas trop bronzé, on n'a pas trop eu le temps. Mais surtout, on s'est senti terriblement vivant.
M. a commencé sur cette terre. C'était il y a quatre ans. Je me souviens, on me disait déjà "T'es sure que c'est bien raisonnable?"
Ne pas trop écouter les autres. 
Partir en pleine pandémie, c'était de la folie.
Mais comment vit-on sans folie, dis? Moi, j'ai pas appris...
Lundi, on nous a dit "L'année dernière, certains ont mis 3 mois à rentrer!"
On a eu un peu peur. On a regardé les vols via Dakar, Dubaï, Doha. Nos pouls se sont accélérés. On a regardé les jets privés, on ne sait jamais. On a ouvert une bouteille de gris. On s'est demandé comment on allait sortir de ce guêpier.
A aucun moment, on a regretté d'être là. 
À 5 heures du mat, Royal Air Maroc a ajouté un vol. On a booké cinq billets. On n'a pas pu choisir les sièges mais on était tous à côté. 
38 minutes plus tard, on a reçu les résultats négatifs de nos tests PCR.
On a dansé jusqu'au bout de la nuit dehors sur la terrasse et ça faisait tellement de bien, ça ressemblait au monde d'avant. On a même chanté des chansons de Patrick Bruel et Céline Dion.
On était terriblement vivants.
Il y aura toujours des âmes bien pensantes pour essayer de vous couper les ailes. Au nom de la raison, ou de je ne sais quelle truc à la con.
On a atterri hier soir à l'aéroport de Paris-Orly, il était un peu plus de 19 heures.
Le Maroc est depuis minuit une terre de nouveau inaccessible. 
J'ai retrouvé mon fils.
On va attendre ce soir vingt heures. Et ensuite, on imaginera demain. Boutique fermée mais rêves ouverts. 
Et puis un jour, on pourra de nouveau s'envoler vers la médina. Promis, on sera les premiers.