J'ai ouvert les yeux, il était 6:58. J'ai enlevé le réveil qui devait sonner à 7:00, et je me suis dit que le corps était merveilleux. Il se calait naturellement sur la rentrée. 
Mon fils dormait à côté parce qu'hier soir à minuit, il tournait toujours dans son lit. Une rentrée en quatrième, ce n'est pas rien, dis.
Je me souviens de la première fois où je l'ai emmené à l'école. C'était il y a dix ans pourtant. Je me souviens de chaque année depuis. Hier, je lui ai dit "je t'accompagne demain matin ?" Il m'a regardée et il m'a dit "tu plaisantes rassure-moi maman?" J'ai ri. Mais j'avais un peu envie de pleurer en vrai.
Alors je lui ai dit que je l'attendrai à la sortie avec un pain au chocolat. Juste pour le faire râler. 
Et je lui ai dit aussi que j'étais fière de lui. Parce qu'il ne faut jamais oublier de leur offrir cette confiance qu'ils garderont toujours quelque part en eux.
Moi aussi c'est ma rentrée. A dix heures, Aurélie m'attend avec une pile de romans à signer pour la presse. Je ne sais toujours pas ce que je vais écrire sous le titre, sur la première page. A 1:48 j'ai reçu un sms de mon frère qui disait "Page 158. Il faut que je dorme, mais j'ai du mal à m'arrêter". Cet immense soulagement qui t'envahit. C'est tout ce que je veux. Écrire des livres que l'on a envie de terminer.
7:14. Je suis montée me faire un thé. J'ai regardé le jour se lever sur le Sacré-Coeur. Un avion traversait le ciel. Je me suis demandée où il allait. Je me suis dit que c'était comme si la vie reprenait un peu, après ces deux années si étranges, un avion qui vole.
J'ai mis Inter. Ils parlaient des Talibans. Ensuite, ils ont mis la chanson "Pour un flirt avec toi..." tristesse et gaité. La vie quoi.
Comme tous les matins, je me suis brûlée avec mon thé. J'ai repensé à Kaboul. Le ciel est beau ce matin sur Paris. Je me suis dit que c'était peut être ça mon livre. Savoir un matin regarder autour de soi et savourer le bonheur d'être là. Savoir ceux que l'on aime pas très loin encore endormis. Être libre. Boire un thé en regardant un avion voler. Écrire ce que l'on veut sans crainte.
Prendre conscience du bonheur d'être.
Je vous souhaite une rentrée terriblement vivante.