Des années que j'écris ici, que je partage ce qui me fait avancer, mon essence, mes essentiels, la richesse de l'autre, la promesse de la rencontre, le besoin de découverte, la soif d'imprévus, le goût d'autres histoires et d'autres vies... alors non, je crois que je ne pourrais pas. 
Hier, en commentaire de mon post sur l'avenir de la boutique de la rue Condorcet, l'une de vous a écrit "toute façon, votre décision est prise non? Vous allez garder qu'un eshop..."
Ça m'a laissée sans voix. Ma décision était loin d'être prise, et je crois au contraire, tellement, au fond de moi, qu'il faut garder un lieu, un endroit, où l'on se voit vous et moi. La question est peut être plus sûr l'endroit... 
Je crois tellement qu'il faut se parler, se confier, rire, s'engueuler même parfois. C'est pas grave ça. On s'en fout tant qu'on vit.
Je crois tellement qu'on crève de cette société où l'on ne se voit plus que par écrans interposés, où l'on ne se parle plus que par sms ou whatsapp envoyés, où l'on ne s'embrasse plus que par émoticons animés. Elle ressemble à quoi cette société bordel. Elle est si froide.
De ma première boutique de la rue Lamarck, je garde les souvenirs des débuts. Des bières et des sandwichs avalés à minuit les soirs d'arrivée, des premières clientes qui achetaient des paniers... je me souviens y avoir pleuré aussi, parfois. Je me souviens y avoir rêvé, de plus grand, de plus fou, jusqu'au jour où j'ai rendu les clés pour plus grand justement. 
De ma boutique rue Condorcet, j'ai mille souvenirs de soirées confinées à préparer des commandes, de petits matins à vider des palettes, d'un amour avorté, de clientes pleurant avec mon roman à signer...
Alors non. Je ne garderai jamais qu'un site internet tant que je peux me débrouiller pour payer un loyer. Parce que ce n'est pas juste un loyer. C'est la vie.
Bref. J'ai visité une nouvelle boutique.
#vismaviedentrepreneuse