Pendant 42 ans, tu as mis des maillots une pièce. Parce que tu n’osais pas, parce que, assise, tu trouvais ça affreux, parce qu’il y avait toujours un truc. Bref. Parce que tu étais mal à l’aise.
45 ans. Tu mets des maillots deux pièces. Une espèce de revanche même si tu te fais violence. Assise, tu trouves toujours ça pas terrible, allongée sur le dos tu trouves que, si t’arrêtes de respirer, ça donne le change, allongée sur le ventre c’est encore mieux mais c’est moins pratique pour bronzer du décolleté. 
Tu mets un maillot deux pièces et tu essaies de te dire que l’important c’est d’être heureuse, de relativiser, qu’il est temps de s’assumer face aux diktats de la beauté... c’est compliqué.
Tu as compris, integré et presque accepté que tu n’aurais jamais le corps de Veronique et Davina, celles qui faisaient l’aérobic sur antenne 2 quand t’étais jeune. 
Un footing en trois mois, plus un cours de danse depuis l’automne, des nuits de boulot. 
Payer cash.
Ce matin en partant, t’as mis un maillot une pièce au dernier moment dans ta valise en te disant qu’il allait y avoir que des minettes de 30 ans.
Et puis merde.
Je résiste. Parce que finalement on fait de notre mieux. Même si on n’est pas parfaite. Loin de là.
Quitte à passer le week-end allongée sur le dos sans respirer et sans m’assoir.
Doux week-end