Lui expliquer la guerre. Le nazisme. L’antisémitisme. Les gens cachés dans ce bunker sous des couches de béton armé pour échapper aux bombardements et à la folie meurtrière des hommes. Pendant 5 ans.
Lui expliquer l’inexplicable.
S’arrêter à Charlie Check Point. Lui raconter le mur. Lui dire que tu te souviens du jour où il est tombé comme si c’était hier. Que tu étais hypnotisée devant l’écran de ta télé, sûre déjà que tu vivais un truc historique sans trop savoir pourquoi. Que tu as la chair de poule rien que d’y repenser. Lui montrer le tracé sur un plan. Voir son étonnement. Une ville coupée en deux. 
Lui raconter l’Allemagne de l’Est et l’Allemagne de l’Ouest, la folie d’hommes capables d’imaginer une ville coupée en deux avec quelques moellons et des rouleaux de fil de fer barbelé. 
Une ville coupée en deux. En trois. En quatre. Comme un camembert au Trivial Poursuite. Sauf que là c’était pas un jeu.
L’emmener au musée du mur. Lui faire découvrir les gens cachés dans des réservoirs d’essence. Les gens cachés dans des enceintes de zic. Les gens assez barrés ou crevant tellement de manque de liberté qu’ils en sont devenus capables de construire des montgolfières pour traverser les frontières. Vers la liberté. 
L’emmener au musée de l’espionnage. S’arrêter devant la maquette du pont sur lequel l’Ouest échangeait des espions de la RDA contre des citoyens de l’Est qui eux aussi voulaient connaître la liberté.
Lui dire que tout homme qui arrivait à passer le mur était accueilli de notre côté en héros.
Alors il m’a demandé. « Mais maman on ne les renvoyait pas là-bas? Parce que nous les migrants quand ils arrivent chez nous on veut les renvoyer. »
Depuis 10 ans lui faire découvrir le monde. Et se dire que cette question naïvement posée dans ce musée est la plus belle des récompenses, un bonbon acidulé à savourer longtemps. Se dire qu’il a appris l’humanité, l’ouverture d’esprit, l’accueil. Se dire que jamais il ne votera Marine Le Pen ou pour un quelconque autre parti de merde qui pointe du doigt la différence, l’autre, l’étranger même si c’est le premier parti de France.
Et être tellement fière de lui.
From Berlin with Love ❤️