Ce matin, j'ai fait un post sur mon bouquin. Et puis je l'ai enlevé. Je tâtonne, j'avance comme je peux sans trop savoir comment m'y prendre, jusqu'où aller pour le porter ce petit bout de moi.
Hier soir, j'ai éteint mon ordi, il était deux heures et demi. Au milieu de la nuit. Le temps me manque, les minutes filent, les heures s'écoulent sans que j'ai le temps de respirer. La rentrée est dure. Ouvrir de nouveaux locaux et embaucher au moment où le chiffre s'effondre. Faut avoir le cœur bien accroché. 
Je me suis couchée, j'ai rallumé mon ordi pour ne pas penser. J'ai mis une série espagnole sur Netflix, la cuisinière de je ne sais plus quoi. N'importe quoi. Tout plutôt que de penser.
Comprendre pourquoi. Manque de stories, blues du consommateur qui va enfin chercher son bonheur ailleurs maintenant que le covid semble derrière lui. Il paraît que c'est partout pareil. Ça pique. Tout le monde se plaint, et à la télé, ils ne parlent que reprise économique. Deux mondes ou deux réalités, celle des gouvernants et celle des gouvernés.
Les prix s'envolent, les containers venus de Chine passent de 2000 à 15000 dolls, les mails des fournisseurs s'enchaînent. "En raison de la hausse des prix du transport et des matières premières nous sommes dans l'obligation d'augmenter nos tarifs en proportion..."
Tu répercutes. Tu sais que l'inflation n'a jamais boosté la consommation t'as appris ça quand t'étais à sciences po...
Sur un coup de tête, tu fais livrer dix édredons, des draps et des taies d'oreillers à la maison pour shooter demain sous la verrière de ton atelier histoire de faire redémarrer la machine comme tu peux et puis tu te souviens que demain, tu as une séance de dédicace à la Fnac, que ça arrive quand même pas mille fois dans une vie alors tu laisses les housses de couette sur le coin du lit et tu prends rendez-vous chez le coiffeur. Tu mets une jupe en jean et trois tee shirts dans une valise parce qu'un peu plus tard dans la nuit de jeudi à vendredi, vers 4 heures du mat, le taxi attendra en bas pour Orly. Ce week-end, d'une ruelle de la médina de Marrakech, j'essayerai de vendre quelques tapis. A défaut de vendre des édredons à la maison.
#vismaviedentrepreneuse