La poussière et la chaleur. On est monté en haut de la colline pour regarder aussi loin que l'horizon. Et puis au déjeuner, je me suis fâchée. Blessée. Parce que le jour ou la méchanceté ne me fera plus vriller c'est que je serai anesthésiée.
Dans la voiture qui nous ramenait vers Marrakech, j'ai expliqué aux enfants ce que voulait dire le mot "bienveillance". Je l'aime ce mot. Je le répète souvent. Je l'écris souvent. Je ne pourrais jamais accepter que l'on se moque d'un enfant. 
On regardait ces paysages que j'aime défiler derrière les vitres de la voiture. Je continuais à leur parler. Ils ne disaient plus rien. Je leur ai parlé d'amitié, du fait de pouvoir compter l'un sur l'autre, je leur ai parlé de respect. Si vous n'êtes pas là pour vous défendre l'un l'autre, si vous laissez les autres se moquer, alors à quoi bon être amis, dis?
Le soleil commençait à descendre derrière les montagnes du désert d'Agafay. Je leur ai parlé de cette adolescente qu'une maman a retrouvée pendue dans sa chambre la semaine passée. Parce que tout cela n'est finalement pas si éloigné. La gentillesse, la bienveillance, le harcèlement.
Alors l'un des deux s'est excusé. L'autre a dit "pardon" aussi. Et ils ont compris. Ils m'ont dit "Mais tu sais, quand tu t'es énervée au déjeuner et que tu as dit qu'il ne fallait pas se moquer d'un enfant, que c'était une question de principe, il y en a une qui t'a imitée et qui s'est moquée de toi..."
Il y a des adultes qui se moquent d'un autre adulte qui essaye de faire comprendre à des enfants que si la bienveillance devient un vain mot, alors les relations humaines toutes entières seront vaines...
On est rentré du désert un peu chamboulés. Mais ce n'était pas vain ce chemin. Parce que c'est notre rôle de parents de leur donner les clés pour devenir les hommes qu'ils seront demain. Parce c'est notre mission à nous, adultes doués de raison, de leur transmettre quelques valeurs. Leur apprendre à s'aimer. Leur apprendre à se respecter. Parce que sinon, à quoi bon être amis dis...
#agafay