On termine à zero. Zéro sur le compte en banque. On a vidé la tréso en deux jours. 
Je suis dans mon lit, j’ai mal aux pieds. Je sais pas combien de bornes on s’est tapé dans ces allées. Mais pour la première fois, j’ai eu l’impression qu’on avait sélectionné du bel ouvrage.
Alors on est fauché comme les blés mais on est heureux. 
On a trouvé des maisons avec une créativité formidable, avec des designers talentueux qui bossent, dessinent, imaginent, créent. Le résultat est parfois époustouflant. 
On a choisi un secrétaire magique d’élégance, des appliques qui incarnent le raffinement à la française, des assiettes avec un ours doré pour les soirs de fête. Un enchantement.
On n’a pas pu tout prendre. Certaines pièces sont trop chers pour nous. Si j’avais pu, je les aurais cachées au fond de ma poche. Comment faire entrer un pouf en laine made in Brésil d’un mètre de diamètre dans une poche de jean. Vous avez 4 heures.
Mais même si on les a laissées, quel bonheur de voir que la création est plus vivante que jamais, que l’homme fourmille encore d’idées.
Je mettrai tard ce soir en story nos trouvailles d’aujourd’hui. Vous pourrez vous en régaler au petit-déjeuner... J’en garderai un peu pour demain. 
Et puis j’en garderai un peu pour plus tard aussi parce qu’il paraît que nous ne sommes plus juste entre nous. Alors je vais devoir apprendre à avoir quelque secrets.
Dans le bus qui nous ramenait au parking, je lui ai demandé :
«  tu crois que j’ai trop acheté?
« Mais non chérie, ça va marcher. »
Mon éternel optimiste.
On croise les doigts. L’année dernière, on s’était rassuré en se disant qu’on offrirait les invendus à une tante ou à une cousine éloignée le soir du réveillon. Mais côté quantités, on s’est un peu emballé. Et je vois pas bien à qui je pourrais offrir 40 poupées...
Allez. C’est fait. Ça sert plus à rien de stresser. Y’a plus qu’à vendre maintenant. 
Inch’allah comme on dit chez moi.