Il est là depuis 18 ans. C'était sans doute un des premiers à arriver sur ces terres arides. Il n'y avait rien. Des amas de pierres. Quelques pistes tracées dans la poussière. Des moutons et quelques bergers qui vivaient au rythme des saisons. Lui, il a installé quelques bivouacs, tentes éphémères plantées au milieu du désert pour amateurs de grands espaces. Des mecs qui cherchaient une beauté brute loin de la folie et du bruit. Des mecs qui voulaient en prendre plein la gueule juste en regardant devant.
Depuis, il y a bien des campements qui se sont installés autour. Lui, il est toujours là. Il gueule sur les quads qui passent et qui font du bruit. Les tentes ne s'enlèvent plus, il y a une piscine, il a fait deux suites aussi mais c'est pas très important.
L'important, c'est que t'en prends toujours plein la gueule en regardant devant. L'immensité. L'aridité. L'aspérité du sol comme reflet de l'aspérité du monde. Il y a un truc ici qui te remue à l'intérieur et qui te choppe, qui t'attrape, et à un moment, tout le monde se tait. Le monde se tait. Respect.
Depuis un an, le campement vit au ralenti. Au gré des ouvertures et des fermetures de frontières. Parfois, le monde s'ouvre et il y a une bouffée d'air. Et puis tout se referme. 
Hier, il y avait du monde. Les rires ont de nouveau empli la terrasse face au désert. Ce soir, le monde est reparti. Lui, il regardait devant. Encore un dimanche soir où la vie s'en va. Il attend des jours meilleurs. En 18 ans, il a appris à être patient.
Il y a des endroits, parfois, qui incarnent la beauté d'un pays. 
Un jour, les frontières du monde seront de nouveau ouvertes. Un jour, on reprendra l'avion pour assouvir notre soif des autres et d'ailleurs. Ce jour là, il sera là. Et venez-y. Parce que lui, moi, et tant d'autres, on a tellement envie que ces terres reprennent vie.
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