Une vague de nostalgie m'a envahie... Un truc un peu triste. Ce monde de M. que j'avais imaginé, à New-York, au cœur de l'été. L'idée était jolie, mais j'ai manqué de moyens. Financiers et humains. Il aurait fallu que je parte arpenter le monde pour découvrir de nouveaux talents, que j'ai 400 000 euros de stock au lieu de 200 000. Pour la première fois, j'étais trop petite, trop seule, pour que ce truc rêvé une nuit d'été, créer un "Colette" populaire au sens noble du terme, devienne réalité.
J'ai eu peur. Peur des caisses vides, des loyers et des salaires à payer, de ce premier découvert même s'il était autorisé... 
Alors je retourne à mes premiers amours. Ce que je sais faire, ce que j'aime faire aussi, ce qui me fait bander et rêver, mais en essayant de faire quelque chose d'un peu différent parce qu'on ne refait jamais les mêmes choses vraiment, on avance, on grandit, on apprend.
Le jeudi 19 janvier, M.rugs ouvrira ses portes au 15 de la rue Mansart, un espace dédié aux tapis. Je vais chiner, fouiller, dessiner, faire fabriquer aussi petit à petit. Ça ne va pas se faire en un jour, simplement en touchant le bout de mon nez comme si j'étais ma sorcière bien aimée. Je vais avancer pas à pas. En rapportant des trésors de la médina, en allant en chercher ailleurs aussi.
Je voudrais qu'il y ait brodé M. au dos de nos tapis, imaginer de nouveaux dessins, les photographier à Paris pour que ce soit plus joli même si je ne sais pas vraiment comment...
Alors hier, c'était un moment comme ça, à deux facettes, un visage triste, un visage gai, la porte que tu fermes et celle que tu ouvres. 
Aux débuts de M. j'avais fait une collab avec un grand magasin suisse. La responsable venue me voir rue Lamarck m'avait dit "Il faut toujours calculer ton chiffre d'affaires potentiel au m2."
T'as calculé celui des crayons à papier à pompons dis?
Je m'en souviens pourtant comme si c'était hier.
M. se construit jour après jour, grandit, vit, devient et poursuit son chemin. Il y a des détours, des fossés dans lesquels t'as l'impression de verser. Ça tangue mais on ne tombe pas parce que jamais je n'oublie pas ce qu'il y a au bout.
Un jour, j'irai à New York avec vous.
#love